1 Mai 2016
Aujourd’hui et chaque jour qui passe, je me donne le droit de vivre selon mes envies et d’agir en conséquence. Il n’en fut pas toujours le cas. De sexe dit faible, dès le départ les dés étaient pipés, l’homme d’alors ne souhaitant pour moi qu’obéissance et servitude. Mais j’ai voulu faire quelque chose de ma vie, quelque chose qui me grandit et m’affranchit de ce destin voué à la maternité et à la sphère privée. Et je me suis lancée. J’ai profité de la brèche créée par la génération précédente pour revendiquer moi aussi le droit à l’éducation, aux études et à une vie professionnelle.
Je me suis battue, malgré les regards, les mots et les ornières et j’ai gravi ce chemin qui m’a mené vers ma liberté. J’ai eu ce courage, face à ceux que l’on dit « normaux » de me construire cet espace de vie où j’évolue aujourd’hui. Un handicap visible ou invisible, comme le mien, est un combat quotidien, en action, en interaction, en ressenti, en blessures et en douleurs cachées par une façade extérieure appelée « je vais bien ».
Mais ce combat n’est pas fini car la société fait aussi de moi une femme qui culpabilise de travailler car ayant le sentiment d’abandonner son enfant. Les médias, la presse féminine n’en finissent jamais de faire des dossiers dits « complets » sur le sujet, créant un sentiment de perfectionnisme aussi insondable qu’un puits sans fond avec son lot d’épuisement, de frustration, de sentiment de n’être jamais à la hauteur. Double combat donc, pour moi qui vit, en plus du poids de mon handicap, un manque conséquent de reconnaissance pour ces doubles, voire triples journées à rallonge à jongler entre les allers et retour à l’école, le travail, le ménage, les courses, la cuisine, l’organisation des anniversaires, des weekends « copines qui viennent dormir ». Il faut être à la hauteur au risque, d’après ces messieurs les sociologues et psychologues, de créer des carences affectives chez ma chère tête blonde !!!
Il y a un moment où il faut dire stop, où je me dis que, plus que quiconque, j’ai le droit au respect pour ce que je suis, ce que j’ai réussi. Le droit à la considération au lieu de ce regard, de ce dédain dans les yeux. Mais aussi, le droit à l’erreur, à ne pas ressembler au centimètre près à ces fac-similés féminins sur papier glacé, au repos et à passer la main quelques instants ou quelques heures, histoire de me recentrer, de prendre soin de moi.
Alors, vous, les gens « normaux », ne jugez pas ce que vous ne connaissez pas, ne vous moquez pas. N’oubliez pas que ça peut vous arriver, aujourd’hui, demain … toucher un de vos proches, votre ami, votre voisin … Il suffit d’un rien, d’un accident, d’une maladie. Et pourtant vous ne voulez pas comprendre mon droit à vivre normalement, à avoir les mêmes droits, les mêmes espoirs et perspectives d’avenir que vous, les mêmes besoins de considération. Il serait temps que vous respectiez celles, dont je suis, qui se battent au quotidien pour avoir droit à une vie plus facile, à une vie respectée en tant que femme et mère.
Car croyez moi, être une femme handicapée, de nos jours relève plus de la double peine que de la bénédiction.
Foeby Anne / Ma vie entre deux mondes / Facebook : Foeby Anne / Maman Malentendante / Être une femme handicapée
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