21 Juin 2018
Il y a quelques semaines, un dimanche, j’étais sur la terrasse. Il faisait un temps superbe et je discutais avec ma maman venue déjeuner avec nous. A un moment, je vis passer un oiseau en vol plané qui allât directement se réfugier dans notre catalpa. Ma mère l’avait aussi vu.
Ma mère me regarda interrogative. Alors je répondis : « Je n’entends plus les oiseaux… ».
Il y eut un temps d’arrêt. Un temps où pendant quelques secondes, ma maman fut déstabilisée par la nouvelle. Puis, elle me prit la main. Je la regardais et lui dit : « Je me souviens du son qu’ils font. Je me souviens du son de mon enfance… Je les entendais encore un peu, parfois, l’année dernière… Je viens de me rendre compte que ce n’est plus le cas… »
Ma mère me prit dans ses bras. Puis j’enclenchais sur un autre sujet de discussion. Ce genre de situation est assez difficile à vivre, même si je suis malentendante. Même si je sais qu’avec le temps, pleins de sons finiront par disparaitre. J’y suis préparée, mais devoir se souvenir d’un son que l’on entendra plus est, pour moi, comme de me souvenir des êtres que j’ai perdu et qui ne reviendront plus jamais.
Vous allez me dire : « fais-toi implanter ! ». Oui, je sais, que si j’acceptais l’implant, je « réentendrais » des sons. Mais, connaissant les risques et ne me voyant pas avec un aimant dans le crane, ça ne me dit rien.
Donc je dois l’accepter. Et ma foi, c’est ce que je fais. Chaque jour, je me rends compte que je n’entends plus ou ne comprends plus telle ou telle chose ou personne. Chéri me dit que je fais beaucoup de bruit dans la salle de bain le soir. Pourtant, je fais très attention à ne pas réveiller ma fille dont la chambre est à côté. Je n’entends plus la porte, le verrou, la porte des placards, le bruit de mes pas…. Il me répète souvent de faire moins de bruit. Mais comment faire si je ne sais pas à quel niveau sonore je suis, si je n’entends plus… Il ne se doute pas que ses paroles sont un peu comme une blessure dans mon cœur de maman et d’épouse, de femme tout simplement. Tout comme il ne se doute pas de l’impact que des paroles que je lui demande de répéter ont sur moi. Car lorsque je lui dis que je n’ai pas entendu, c’est un pas de plus vers le silence qui s’épaissit inexorablement.
Les seuls bruits que j’entends très distinctement, se sont mes acouphènes. Alors forcément, cela a un impact sur ma vie. Entre la lecture labiale et eux, je suis assez fatiguée le soir. Fatiguée nerveusement et physiquement. Les gens n’ont aucune idée de la fatigue qu’engendre le niveau de concentration pour lire sur les lèvres, comprendre mes interlocuteurs. Quand, en plus, on doit supporter des acouphènes de type cocotte minute et bourdonnement 24h/24, on arrive vite à un niveau de saturation, un niveau de fatigue optimal.
Alors, oui, c’est vrai, j’adorerais entendre les oiseaux. J’adorerais avoir encore le niveau d’audition de mon enfance. Après tout, je suis humaine. J’ai connu le monde sonore et il est donc normal que plus un son disparait plus il me manque. Si j’entendais les oiseaux, je ne serais pas aussi fatiguée le soir, je ne ferais pas autant de bruit sans le vouloir et je ne ferais pas autant répéter mes interlocuteurs. Si seulement je pouvais encore entendre les oiseaux…..
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