16 Février 2016
Toute femme vous le dira, attendre un bébé est une période magique avec, d’un côté, ses bonnes choses et ses inconvénients (on s’imagine notre bout de chou, on anticipe la décoration de sa future chambre, on cherche un joli prénom, les nausées nous assaillent et les hormones nous font passer du rire aux larmes en quelques secondes) et de l’autre le versant médical. On angoisse toujours un peu avant chaque rendez-vous avec le médecin car on redoute l‘annonce d’un problème.
Si pour toute future maman lambda, tout ça se gère plutôt bien, c’est un peu plus compliqué quand on est malentendante. Une fois l’annonce faite au papa, qui a les larmes aux yeux et vous prend dans ses bras en ne vous serrant pas de peur de « faire mal au bébé », vous appelez pour votre premier rendez-vous de suivi. Là se pose le même problème que pour le dentiste (Cf mon article « Malentendante chez le dentiste » http://foebyannemavieentredeuxmondes.over-blog.com/2016/01/malentendante-chez-le-dentiste.html). A savoir, vous entendez mal ce que dit la secrétaire qui vous répond en murmurant, confidentialité (liée à la salle d’attente toute proche) oblige. Voyant que le dilemme est insoluble vous passez le combiné à Chéri (vous avez pris soin d’appeler un jour où il n’est pas au boulot), tout fier de son nouveau futur statut de papa qui n’hésite pas à dire d’emblée « Ma femme est enceinte et voudrait un rendez-vous » (comme si c’était une urgence absolue !) et raccroche dépité de devoir attendre 3 semaines.
Le 1er rendez-vous de suivi arrive et la 1ère écho. Chéri est tout ému de « voir » son bébé version « haricot » comme si c’était Einstein à sa remise de prix Nobel ! Je vois mon bébé mais n’entend pas quand le médecin nous dit « je vais vous faire entendre son cœur ». Mon mari me dira quelques minutes plus tard que c’était très bas et que lui-même n’a pas fait très attention occupé à regarder l’écran.
Le rendez-vous de début de second trimestre arrive et là le médecin met le son à fond sauf que moi je n’entends pas. Je n’ai que la version « film muet ». Donc j’en ressors avec une sensation de manque et de frustration. Au rendez-vous suivant, le médecin me fait la surprise d’utiliser un Doppler portatif qu’il place sur mon ventre et me met un casque sur les oreilles. Et là… Pour la première fois, les larmes me viennent. J’entends mon bébé. Je le remercie et lui me sourit. Pourtant c’est un médecin qui parait froid au premier abord. Mais il a eut l’humanité et la gentillesse de trouver un moyen pour que j’entende mon bébé. C’est suffisamment rare pour que je le souligne. Forcément, j’en ressors bouleversée et pleine de gratitude envers ce médecin qui a vu ma détresse au rendez-vous précédent.
Pendant l’accouchement j’ai pu garder mes appareils. Après celui-ci, s’est posée la question des pleurs de ma fille, surtout la nuit. Car bien-sûr, je dors sans mes appareils. Or une fois endormie, je n’entends plus rien. Donc difficile de me réveiller toutes les 3h00 si je ne l’entends pas pleurer. Je demande donc aux infirmières du service de maternité de venir régulièrement dans ma chambre pour vérifier si ma fille pleure et me réveiller. Mais cela leur parait compliqué à gérer et elles décident de m’enlever ma fille la nuit de minuit à 6h00. Ayant accouchée à 22h30, je les vois donc emmener mon bébé, ce qui m’a tout de même un peu chamboulée. Malgré la fatigue, j’ai eu du mal à m’endormir car j’avais peur qu’il lui arrive quelque chose, même si c’était stupide.
J’ai donc passé mes 4 premières nuits séparée de ma fille, qui aujourd’hui ne supporte toujours pas d’être séparée de moi plus longtemps que nécessaire.
Une fois revenue à la maison c’est mon mari qui me réveille dès qu’elle pleure la nuit mais elle est dans son berceau, près de mon lit et ça me convient beaucoup mieux. A 3 mois, quand elle fait ses nuits, je la mets dans sa chambre et je branche un baby phone caméra vibreur ; ainsi je peux dormir rassurée. J’ai gardé ce baby phone très longtemps (jusqu’aux 3 ans de ma fille) car il me permettait de la « voir » quelque soit l’endroit où elle était (j’avais 2 émetteurs différents pour un récepteur), la maison étant ouverte (peu de cloisons).
Voilà mon expérience de jeune maman. Je ne regrette pas d’avoir eut un bébé malgré mon handicap car le bonheur que je vis tous les jours annule les petits points négatifs qui ont pu surgir ici ou là. Aujourd’hui ma fille a six ans et je fais en sorte que mon handicap ne joue pas sur sa vie. Me voir apprendre la langue des signes l’amuse et elle me dit souvent « tu es la maman la plus merveilleuse du monde ! ». Et je lui réponds qu’elle est mon ange d’amour qui éclaire ma vie !! Comment voulez-vous avoir des regrets ??
Foeby Anne /Ma vie entre deux mondes/ Facebook : Foeby Anne / Maman Malentendante / Avoir un bébé
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