Au collège, je n’ai jamais rien dit de mon handicap. Je me sentais très seule surtout que j’avais changé de collège entre la 5ème et la 4ème et que d’aller dans un collège public quand on vient du privé, ça ne pardonne pas.

J’étais plutôt bonne en français, mon cauchemar c'était les maths On m’a carrément mise avec les plus nuls. Je voulais faire de l’espagnol et là on m’en a empêché. Je suis allée voir le principal à qui j’ai demandé d’être mise en classe de 4ème 2ème langue et il m’a répondu : « Vu ton niveau en math, je ne te vois pas en classe bilingue ! Tu es quelques peu limitée (je n’ai toujours pas compris le rapport). Mais bon je n’ai rien dit. Du coup, je me suis focalisée sur l’anglais et je suis devenue excellente avec 18 de moyenne. Bah, ils m’ont fait redoubler ma 3ème parce j’avais 5 de moyenne en math !! Par contre ils n’ont pas regardé les autres notes (bah non…).

Pour les autres élèves, il n’y avait pas de différence notoire car j’avais quelques trucs comme de comprendre ce qui se disait avant de donner mon avis et d’abonder à l’avis des autres. Je faisais en sorte de me mettre devant mes amies ou bien au centre afin de pouvoir comprendre à peu près ce qui se disait.

Mon refuge c’était les livres. Je vivais ma vie d’adolescente dans les livres. J’étais tout le temps fourrée à la bibliothèque. Je me transportais dans la vie des héroïnes et passais ainsi mes plus belles après-midi et mes plus beaux weekends. La lecture fut, pour moi, un moyen d'apprentissage dans beaucoup de domaines. Elle m’a permis d’être bonne en orthographe et m’a beaucoup aidé en expression orale. Mais si les mots écrits étaient mes amis, les mots entendus, eux, étaient des coups de poignards et je me suis renfermée petit à petit.

J’ai commencé à écrire dans un journal intime et ça m’a permis de prendre confiance en moi. J’ai commencé à écrire de petites nouvelles que je n’ai pas gardées car très enfantines. Mais sur le moment, ça m’aidait beaucoup car je retranscrivais mon quotidien, les insultes entendues ou le harcèlement dont j’étais l’objet en 3ème au collège. C’était un peu comme une thérapie avant l’heure. D’ailleurs lorsque mes harceleurs ont été virés du collège, j’ai écrit une fin cruelle pour eux qui m’a fait un bien fou.

Petit florilège entendu à cette époque :

Un professeur de math à ma mère lors d’une réunion profs-parents : « Votre fille a des capacités limitées. Elle n’a pas de logique mathématiques. Il faut l’orienter vers une classe « adaptée » ». Comme si tout le monde était forcément un petit génie des maths !!!! En guise de classe adaptée il voulait me mettre avec les irrécupérables.

Autre Professeur : « Votre fille semble ne pas suivre en classe » avez-vos une explication ?? » Ma mère répond : « Ma fille est malentendante. »

Le prof : « Et elle est au collège ??? » (bah oui, je ne suis pas non plus retardée mentale !!)

Là on s’est dit que tous profs qu’ils étaient il n’y en avait pas un pour relever l’autre. Et même si ils m’ont fait redoublé ma 3ème et qu’ils m’ont empêchée d’aller vers une seconde scientifique ou littéraire, j’ai tout de même eut mon bac et avec mention. Comme quoi l’avis des profs….

Si j’avais un conseil à donner à des ados handicapés ou à leurs parents, je leur dirais de trouver un hobby qui leur permette de s’évader du quotidien cruel ou ennuyeux qu’ils vivent. Que se soit le sport, les dvd, les jeux vidéos ou la lecture et l’écriture, peu importe, du moment que cela leur permet de rêver, de se déconnecter du quotidien. Car le changement de perspectives permet au cerveau de se reposer, de prendre du recul, ce qui est un excellent anti dépresseur (sans en avoir les inconvénients) !