Une fois le bac en poche (16 en Français et 18 en anglais pour une malentendante, c’est pas mal tout de même non ???), je décidais de m’orienter vers deux métiers qui m’attiraient. Infirmière et Éducatrice. Je passais les deux concours que j’obtins tous les deux. Infirmière en étant 9ème sur 400, pas mal pour une handicapée. Et Éducatrice dans les 30 premières !!! (Qui c’est qui disait déjà que j’avais des capacités limitées ?????)

Bref me voilà avec un choix à faire. Mais les mots entendus depuis mon enfance vont me faire aller vers éducatrice car j’eus peur de ne pas être à la hauteur pour les études d’infirmière (merci les profs…).

Le milieu des éducateurs est bourré d’hypocrisie. J’en ai fais les frais !

L’institut d’éducateurs où je faisais mes études s’est avéré être un véritable repaire de gaucho bobos ultra réactionnaires et hypocrites ! Tout ce qui n’allait pas leur sens était forcément rétrograde et négatif. Pour des éducateurs, ça pêche un peu, voire beaucoup. J’étais dans la section des EJE : Educatrice de Jeunes Enfants. L’EJE est censée s’occuper du jeune enfant de 0 à 6 ans.

Personne ne savait pour mon handicap que j’avais eu le nez fin de cacher. La première année se passe bien. Il faut dire que pendant les vacances d’été mes parents m’ont acheté des appareils auditifs (intra invisibles). Ils ont économisés une année avant de pouvoir mes les acheter car je n’étais pas prise en charge. Avec mes appareils ma vie change. J’entends des bruits que je ne connaissais pas (oiseaux, clignotants de voiture, tic tac du réveil, musique dans les centres commerciaux etc…) et surtout je peux suivre en classe.

L’été entre mes deux années d’études, j’avais trouvé un job dans un centre pour enfants handicapés où je travaillais de nuit. Mais après une année harassante et vu que mon horloge biologique n’arrivait pas à se coordonner avec mes nuits de travail, je me suis retrouvée arrêtée par le médecin suite à un sérieux malaise. Au lieu de comprendre, l’institut m’a descendue en flèche comme quoi j’étais une incompétente avec deux personnalités (hein ????). Ils m’ont fait vivre un véritable cauchemar pendant toute la seconde année me rabaissant quant à mes capacités malgré un très bon stage. Un harcèlement moral épouvantable que j’ai supporté comme je pouvais mais qui fini par me rendre tellement malade que je me suis confier à une fille de ma promo (grave erreur !!) qui s’est empressée d’aller cafter que j’étais malentendante et que je n’en pouvais plus.

Au final, ils m’ont convoqué comme dans un tribunal dans le bureau du directeur Là leur hypocrisie et psychologie à 2 sous m’a littéralement atterrée !!. Imaginez la mise en scène : un bureau ou les volets sont semi clos, un bureau immense avec une chaise (pour moi) et lui entouré de deux formatrices qui se sont amusées à m’humilier à tour de rôle.

D’après eux, j’avais des capacités insuffisantes (punaise, ils se donné le mot ou quoi ???), une éducation d’arriérée car je vouvoyais mes professeurs et j’étais polie (Bah si on m’avait dit que pour être éducatrice fallait jurer comme un charretier j’aurais appris le vocabulaire adéquat). Et de ce fait, j’avais deux personnalités différentes. Bizarrement quand j’ai demandé en quoi ? A part des bafouillages, ils ont été incapables d’étayer leurs allégations. Au fil du jugement (car s’en était un) ils ont laissé échappé que «je ne comprenais pas toujours bien, que j’étais en décalage avec les autres etc.… » et là bingo ! J’ai réalisé que j’avais été trahie.

Donc voilà, ils m’ont virée car j’étais handicapée et trop bien élevée !!! Au final, après un passage par la fac de psycho, je suis devenue psychothérapeute - sophrologue et accessoirement secrétaire. Comme quoi je n’avais pas besoin de leur formation qui n’en était pas une et de leur jugement stupide pour réussir.

Voilà mon histoire. Quand je la relis, j’espère qu’aux jours d’aujourd’hui, les malentendants ne vivent pas la même galère, les mêmes discriminations scolaires ou professionnelles. Mais je ne me fais pas d’illusions, ça n’a pas dû beaucoup changer…