7 Juin 2017
Ce n’est jamais drôle d’être malade ou en tant que maman de devoir faire face à la maladie de son enfant. Ca l’est encore moins quand on est malentendante et que le monde médical, qui devrait pourtant comprendre les difficultés de mon handicap (la surdité), l’ignore complètement.
Dernièrement, j’ai dû, comme toute femme, aller à un rendez-vous médical qui, si il est vital afin d’éviter tout cancer féminin, n’en est pas moins relativement désagréable. Pour cela, j’appelle tout d’abord la secrétaire qui parle très vite (car dit-elle « elle a du monde à l’accueil ») et qui s’énerve que les dates que je propose ne lui convienne pas tandis que celles qu’elle me donne non plus. A se demander si elle est au courant qu’il est tout de même très compliqué pour un médecin gynécologue d’examiner une patiente à la mauvaise partie du mois !!! En plus, bien qu’elle « ait du monde à l’accueil », elle n’hésite pas à demander le pourquoi du rendez-vous en le répétant tout haut comme ça toute la salle d’attente sait que vous, Mme Xxx, prenez RDV et pourquoi. On peut donc en déduire que le secret professionnel et la discrétion, elle s’en tape !!!
Je ne sais pas vous, mais moi, je n’ai jamais de chance avec les secrétaires médicales. A part celle de mon cabinet de généralistes, toutes les autres sont revêches, agressives et peu compréhensives quand je leur demande de parler plus fort ou de répéter. D’ailleurs pour beaucoup d’entre elles, elles ne comprennent pas que parler plus fort ou répéter ne veut pas dire le hurler à la salle d’attente, mais me le dire à moi en plaçant le combiné (ou le micro téléphone) plus près de leur bouche. Ca c’est un concept que cette catégorie professionnelle n’a toujours pas intégré !!
Autre comportement qui m’agace prodigieusement : La secrétaire médicale traite votre appel comme si vous n’étiez qu’un malade névrosé qui appelle pour rien en vous répondant avec un ton condescendant au possible, avec force de soupirs, alors qu’elle a tout juste un Bac Pro en poche et ne connait strictement rien en médecine ! Alors oui, il y a des malades hypocondriaques qui abusent des rendez-vous, mais tous les autres, dont je fais partie, n’appellent pas pour rien ! Que je sache, les secrétaires médicales n’ont pas le don de médiumnité et ne peuvent donc pas savoir au téléphone de quoi vous souffrez !
Le jour « J » arrivant, je me présente à l’accueil où La Secrétaire me demande mon nom avant de me laisser entrer (on sait jamais, des fois que je viendrais pour piquer la place d’une autre patiente ou pire, que je viendrais faire son affaire au médecin , ha, ah..). Et là, commence l’attente dans la salle qui porte bien son nom car le médecin prend une patiente par quart d’heure, même si techniquement il lui arrive d’y passer plus de temps en cas d’examen plus compliqué, ce qui allonge le temps petite à petit. Donc si j’ai un conseil à vous donner, dans ce cas précis, c’est de prendre un rendez-vous en début de matinée ou d’après-midi. Etant la première à passer, vous passerez de suite !
Mon tour arrive. Je scrute les lèvres du médecin qui appelle le nom de la « patiente suivante ». Car bien que me connaissant depuis plus de 20 ans, il n’a toujours pas percuté que je pourrais ne pas « entendre » mon nom. Il n’hésite pas non plus à passer tout le temps de l’anamnèse le nez plongé dans ses fiches, ne se rendant pas compte que je ne peux pas lire sur les lèvres, d’où mes quelques demandes de répéter ce qu’il m’a dit. Une fois sur la table d‘examen, il me parle, mais j’ai beaucoup de mal à comprendre ce qu’il me dit, d’une part car il a la tête penchée sur mon anatomie et d’autre part, parce que ma position (mes abonnées femmes comprendront) ne me permet pas de voir autre chose que le plafond !!! Ce qui rend plus que difficile la lecture labiale, vous en conviendrez. Je comprends que « tout va bien » quand, avec un grand sourire, il jette ses gants à la poubelle, se lave les mains et repart à son bureau dans l’autre pièce. Là, forcément, je me dis qu’il est grand temps que je descende de mon perchoir pour le suivre dans l’autre pièce.
Les cinquante ans s’approchant de moi un peu trop vite à mon goût (quelle femme ne rêverait pas de rester belle et juvénile toute sa vie ?), il me propose un début de traitement pour la ménopause et m’explique le pourquoi du comment le nez plongé sur le papier. Je lui dis que je n’entends pas bien et là, il relève la tête et me dit « de toute façon, tout est marqué sur l’ordonnance ! ». Je paie et me voilà dehors.
Arrivée à la pharmacie, l’employée me dit comment je dois prendre le traitement, mais ça ne me parait pas être les mêmes dates que le médecin, qui ne les a pas marqué sur l’ordonnance. Ce que je lui dis. Là, elle me dit : « je connais mon métier, je sais tout de même mieux que vous comment ça se prend ». Je ne dis rien et j’appelle la secrétaire pour lui demander de regarder dans mon dossier (qu’entre temps le médecin a lui rendu pour le classer) ce qu’à marquer le médecin pour la prise des comprimés et elle me dit exaspérée : « Mme Xxx, Pffff…. il faut faire ce que lé médecin vous a dit, Pfff… ! » Je commence à lui expliquer que ce type de comprimé peut se prendre différemment en début , milieu ou fin de cycle, en fonction de la pathologie et que ce que la pharmacienne m’a dit ne colle pas avec ce que m’a expliqué le médecin. Là, elle me répond : « vous me comprenez ? Vous comprenez ce que je vous dis ? Faites comme le médecin vous a dit ! » Autrement dit : « je ne dérangerai pas le médecin pour vous, et comme je ne sais pas quoi vous dire, je vous envoie sur les roses, espèce de demeurée qui n’est pas capable de faire ce qu’on lui a dit !!!! ».
Heureusement pour moi, il y a fort longtemps, j’avais débuté des études médicales et je me suis renseigné via un « Vidal » tout public par rapport à ma pathologie, ce qui m’a permis de savoir comment prendre les comprimés. Dans le cas contraire, j’aurais été forcée d’attendre un rdv avec mon généraliste avant de pouvoir prendre mon traitement.
Franchement, je trouve honteux ce genre de comportement. Je ne vais pas me gêner d’en parler au médecin à mon prochain rendez-vous, fut-ce –t-il assez loin. Ce n’est pas la première fois que je me retrouve avec une ordonnance dont je dois analyser le contenu afin de savoir comment je m’y prends avec les comprimés. La majeur partie du temps, les pharmaciens m’expliquent si je le leur demande, mais il m’arrive aussi parfois, comme pour cette dernière ordonnance, de tomber sur des rochons qui ne prennent pas le temps de m’expliquer. Nous malentendants n’avons déjà pas la vie facile. Il suffit d’un petit grain de sable dans les rouages pour que la machine de notre quotidien s’en trouve déréglée. Le pire étant que ce grain vienne du milieu médical lui-même, alors qu’il devrait être le premier à comprendre les conséquences de notre handicap.
Je trouve que ce type de comportement vraiment inadapté ! Et vous ?
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