Une rue déserte. Un petit immeuble bas et une plaque sobre m’annoncent que je suis arrivée à destination.  Là un interphone basique sans image. Je sais que je n’entendrai pas quand on me dira « entrez ! ». Je sonne et pose ma main sur la poignée de la porte de l’immeuble. Je sens des vibrations qui m’indiquent que la porte est déverrouillée. J’entre dans l’immeuble et aperçoit une petite affiche discrète « Bruno ?*** - Kinésithérapeute ».  La salle d’attente est très petite, 2m carrée avec deux chaises.  Pas de secrétaire. J’en déduis que ce nouveau Kiné travaille seul. Quelques minutes plus tard, une porte s’ouvre et un homme sort en me saluant, suivit d’une patiente. Ayant mon appareil, je l’entends me dire d’aller m’installer.

La pièce dont j’ai fermé la porte derrière moi est grande et lumineuse. M’installer ? Je suppose que cela sous entend me déshabiller. Ca c’est la phrase qui m’agace. Que se soit chez le médecin ou chez le Kiné, on l’entend à chaque fois. Mais on ne nous dit pas en quoi ça consiste, ce qu’il faut enlever au juste. Donc c’est à nous de décider ce qui est approprié à la pathologie qui nous amène. De quoi ils ont peur ? Qu’on se la joue « Alice Sapritch » dans « la folie des grandeurs » si ils nous disent « enlevez le haut » ou « enlevez tout ! » ? Avec tout le respect que j’ai pour cette grande dame du cinéma, je me contente d’enlever mes chaussures et ne garde que mon pantalon et un débardeur qui laisse dégager le cou et la partie haute du dos. Au pire, je n’aurais que le débardeur à enlever s il gêne.

« Mister Kiné » entre avec un grand sourire et me demande mon ordonnance. Puis après l’avoir lu, il me demande de m’asseoir sur la table d’examen. Il se place derrière moi et vérifie l’état de mon dos et de mes cervicales. J’entends qu’il parle, mais ne comprend pas.

Je lui dis alors, en soulevant mes cheveux pour faire apparaitre mon appareil,  que je suis malentendante et qu’il doit parler plus fort. Il répète et là s’en suivent des positions de la tête et du tronc, des massages et malaxages des muscles. Il parle assez bas et je suis obligée de le faire répéter. A croire que soit, il ne veut pas faire l’effort de hausser le ton ou bien qu’il n’a pas intégrer le fait que j’entends mal, même avec mon appareil. Ce genre de chose m’arrive très souvent avec les entendants. C’est vraiment pénible. C’est toujours moi qui me retrouve en porte à faux. Du moins, c’est la sensation que ça me donne. Les entendants pensent, à tort, que nous entendons bien parce que nous avons un appareil. Ce n’est pas le cas. L’appareil amplifie les sons, oui, mais n’éclaircit pas la compréhension.

Bref, il continue ses manipulations, puis, il me demande de m’allonger sur le côté. Il se place perpendiculairement pour manipuler mon épaule. Là, je me sens vraiment hyper mal à l’aise. Vous allez comprendre pourquoi. La table est à la hauteur de son entrejambe et comme je suis allongée, mon visage aussi.  J’ai donc une vue plongeante sur son anatomie. Dans la même situation, avec Chéri, ça serait torride, mais là, c’est un Kiné ! Mon Kiné ! Et franchement, je préfèrerais avoir  la fenêtre ou la porte de la salle en guise d’horizon.  En plus, il est tout de même beau mec, il faut l’avouer et il porte un jean bien « ajusté » si vous voyez ce que je veux dire….  Il ne semble pas y prêter attention, mais moi, par la force des choses, je m’en rends compte (en même temps j’ai pas franchement le choix !!! ).Il faudrait que je sois sacrément  myope ou carrément aveugle.  Il me fait replier le bras et poser la main qui frôle l’objet du délit. J’ai un un peu chaud… je déplace ma main…. « Vous pouvez vous tourner de l’autre côté » m’annonce-t-il d’un ton aussi bas que celui de la confidence. Et devinez quoi ? Bah rebelote… Même horizon. Je ferme les yeux. Non, je vous rassure, je ne suis pas prude, mais bon, à un moment ça devient franchement gênant. Je prends mon mal en patience jusqu’à ce qu’il demande de me mettre sur le ventre….  Là je vous arrête de suite, je n’ai pas l’intention de le laisser se « pencher » sur moi !!! (Non, mais !!! Vous avez l’esprit tordu !!!). J’attends qu’il masse mes muscles endoloris…. Quand je retiens un cri d’effroi….. Il vient de me tirer les bras en arrière (l’un après l’autre) « pour aligner tout ça » me dit-il !!!  (Qu’est-ce que vous vous étiez imaginé !!!).  Forcément, ça refroidie d’un seul coup, croyez-moi !! Je me relève après qu’il m’ait dit « c’est fini pour aujourd’hui ».  Me voilà assise sur cette table avec l’impression que j’ai 80 ans ! C’est un truc que je n’ai jamais compris. Pourquoi les Kinés se croient obligés de vous tordre dans tous les sens, histoire que vous vous sentiez encore plus mal que quand vous êtes entrés !
 

Je sors complètement endolorie. Il faut espérer que la prochaine séance sera plus calme…. A tous les niveaux. J'espère au moins que d'ici la prochaine séance, je retrouverai la sensation de ma jeunesse !!

Et vous avez-vous connu des situations gênantes chez le kiné ?

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