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Ma vie entre deux mondes

Travailler sans mon appareil auditif...

Comme vous le savez, j’ai perdu mon appareil auditif il y a quelques semaines. Et je peux vous dire que travailler sans n’a pas été de tout repos.

 

Lire sur les lèvres

Il m’a fallut lire sur les lèvres tout le temps ce qui est très fatiguant car cela demande beaucoup de concentration.  Imaginez-vous avec du coton dans les oreilles, essayant de comprendre ce que disent les personnes, ce qui relève plus de la devinette que de la réelle compréhension. Forcément ces mêmes personnes vous regardent comme si vous étiez une demeurée patentée quand vous leur dites que vous êtes malentendante.  Quand ils ne le prennent pas très mal quand ils pensent que vous faites exprès de ne pas les comprendre. Ça m’est arrivé trois fois  depuis septembre dernier. Les trois fois avec des personnes ayant un accent et qui s’énervaient très vite quand je leur demandais de bien vouloir répéter. C’est vraiment pénible cette manie qu’ils ont de se sentir de suite  dévalorisés et agressés quand on ne les comprend pas. J’ai déjà des difficultés à comprendre une personne sans accent aucun alors, imaginez quand l’accent est assez prononcé. Je suis dans une vraie galère. J’ai le même problème quand je vais en Angleterre, mais là-bas, les gens répètent gentiment sans être vexés. Franchement tout ça est  usant psychologiquement parlant et fait que je comprends pourquoi beaucoup de malentendant se retranchent dans le silence et fuient la société.  

 

Autre souci : Le téléphone.

J’ai vraiment la poisse avec le mien. A chaque fois je le mets à fond pour la sonnerie et à chaque fois, il s’ingénie à sonner très doucement. Déjà, avec mon appareil, je l’entends à peine, alors imaginez sans. Je ne l’entends pas. Il faut que je me trouve assise à mon bureau pour voir l’écran s’éclairer et « voir » qu’il sonne. Mais si je me trouve dans le bureau conjoint ou à faire du classement ou des photocopies à l’autre bout de la pièce, bah il sonne dans le vide ! Quand les personnes rappellent plus tard, j’ai donc droit à un ton énervé me disant « Oui j’ai appelé tout à l’heure et personne n’a décroché.»  L’air d’insinuer que je suis payée pour ça et que la moindre des choses est de faire ce pourquoi je suis payée. Si je réponds que je suis désolée et que je  n’ai pas entendu, j’ai droit à des soupirs d’agacement. Pourtant au bout de plusieurs années, la plupart des personnes savent que je suis malentendante. Cela ne les empêchent pas d’aller se plaindre à ma supérieure, ou encore plus haut, que mon handicap est tout de même assez gênant !

 

Mes cours de soutien d’Anglais

Alors là, c’est encore pire. Toutes les semaines, je donne des cours de soutien en Anglais. Les âges varient de 4 ans à l’âge adulte en passant par les ados.  Pour les plus petits, ça peut aller car il s’agit plus d’éveil à la langue, à la sonorité donc on fait beaucoup de dessins, de découpage et collage ainsi que des chansons. Ça se complique avec les plus grands de fin de primaire qui commencent à réellement apprendre à parler et avec lesquels je dois échanger. Ils sont en général assez timides et parlent très bas. Résultat, je galère à comprendre et je dois me fier à ce que j’entends c’est-à-dire pas grand-chose ! Heureusement, j’ai pu changer le contenu des cours et les axer sur des jeux et des quizz ludiques (dessins, mots croisés, mots mêlés, décodage de phrases etc..).  Concernant les ados qui révisent le BEPC ou le Bac et les adultes, j’ai pu leur dire que j’avais perdu mon appareil et que j’avais quelques difficultés à comprendre.  On a donc choisit un texte (un pour chaque niveau) qu’ils devaient étudier et me présenter à l’écrit.  Pour le vocabulaire, j’avais préparé un lexique de base que je leur ai lu pour qu’ils en acquièrent la phonologie. Bref, heureusement qu’il ne restait que deux cours avant les vacances car cela m’a donné du temps pour faire toutes mes démarches pour racheter un appareillage que je devrais avoir dans quelques jours. Je serais donc à nouveau appareillée pour les cours de la rentrée de la Toussaint. Ouf !!!

 

Tout cela me motive à me reconvertir dans la LSF.

Car mon audition baissant inexorablement, je ne pourrai plus travailler tant dans le secrétariat que dans le soutien scolaire. Je vais donc profiter des vacances de la Toussaint où j’ai pris quelques jours pour apprendre du vocabulaire en LSF ainsi que quelques points de grammaire. Je ne sais pas encore à quel niveau je pourrai aller, mais j’espère vraiment pouvoir me reconvertir car je ne me vois pas rester chez moi toute la journée.

 

Je conclurais en disant que je suis tout de même assez choquée de voir la réaction des gens vis-à-vis de mon handicap.  ORL n°6 m’avait dit que  je m’isolais. Pour l’instant, je ne m’isole pas, mais il est vrai que je suis fatiguée de devoir toujours m’excuser de ne pas comprendre et de voir la réaction de certaines personnes. Alors oui, c’est vrai, j’aime bien me retrouver dans une zone de confort qui est être avec mes amis ou ma famille ou bien seule chez moi, mais la faute à qui ?

 

Je vous laisse sur ces lignes et je vous dis à bientôt dans un prochain article ;-)   .

 

 

 

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