Comme tout un chacun, je dois me rendre chez le dentiste au minimum une fois par an (quand tout va bien). Si pour le patient lambda, cela n’est qu’une formalité, pour moi, cela relève souvent d’un parcours compliqué.

Deux possibilités s’offrent à moi...

En effet, ça commence dès la prise du rendez-vous ! Deux possibilités s’offrent à moi. Soit je téléphone et je dois mettre le son de l’ampli à fond, soit je me déplace. Au téléphone, je dois me concentrer pour comprendre ce que dis la secrétaire qui parle en général très vite en articulant peu ou pas et assez bas afin que les patients de la salle d’attente n’entendent pas trop. Il n’est pas rare que je demande de répéter en disant que je suis malentendante, ce qui devrait, chez mon interlocutrice éveillée l’idée qu’elle doive parler plus lentement et plus fort ? Bah non…. Si je me déplace au cabinet, je dois d’abord passer le cap de la porte d’entrée. Je sonne et je mets ma main sur la porte en poussant constamment car n’entendant pas le déclencheur, je ne sais pas quand elle se déverrouille. Ensuite, je prends mon rendez-vous à l’accueil où nos échanges sont mêlés aux bruits de la salle d’attente, allées et venues des deux dentistes à la salle d’attente, salle de radio, salles de consultations (donc dans un environnement bruyant), ce qui a pour conséquences que je la comprend difficilement même avec mon appareil.

Ca commence dès la salle d'attente.

Vient ensuite le jour du rendez-vous où, à nouveau, je passe le cap de la porte pour m’installer dans la salle d’attente. Si les autres personnes lisent et discutent, moi je garde mon regard axé vers la porte afin de pouvoir lire sur les lèvres du praticien mon nom quand il va m’appeler. Sinon, ça ne loupe pas, ça m’est déjà arrivée, il appelle la personne suivante ! Vous allez me dire que me connaissant et connaissant mon handicap il devrait s’approcher de moi, mais à sa décharge, je ne suis patiente de ce cabinet que depuis 1 an (donc il ne m’a vue que deux fois en tout) et il n’a pas encore souvenir de mon visage et de mon handicap, ce qui est normal.

Il oublie !!

Une fois dans la pièce des soins, je lui rappelle que je n’entends pas bien et que je ne comprendrai pas ce qu’il me dira avec son masque qui m’empêchera de lire sur les lèvres. Pour lui ce n’est pas un souci, mais une fois assise, je vois que son masque bouge, donc il parle : Il a déjà oublié ! Voyant que je ne réponds pas, il me regarde alors je lui redis mon handicap, ce à quoi il répond en baissant son masque : « ah oui, désolé, j’ai oublié ! ». Il m’explique donc ce qu’il va faire (détartrage), je n’ai pas de carie en vue. Il me fait le soin et concentré dans son travail, me reparle par la même occasion (je vois son masque bouger). Là vous allez me die, mais pourquoi ne pas porter vos appareils ???? Hé bien parce que le bruit de l’appareil de détartrage fait larsen avec mon appareil. Ce bruit aigu et très fort m’empêche de comprendre l’oral et en plus me fait si mal (lui aussi il en a mal aux oreilles) que ça ne sert à rien que je les mette. En général, je coupe l’appareil pour ne pas avoir de larsen. Une fois l’acte barbare achevé (je ne sais pas vous, mais moi à chaque fois, j’ai l’impression qu’on m’enfonce l’instrument jusque dans le nerf, tant j’ai mal), je lui redis que je n’ai pas compris ce qu’il a dit et là, il s’excuse (je ne lui en veux pas, je suis sa seule patiente malentendante, il n’a pas l’habitude).Le souci se situe plutôt dans le fait où pour un soin dit « classique » je comprends de moi-même ce qu’il fait. Par contre le jour où j’aurais à nouveau à faire des soins plus complexes où il m’expliquera ce qu’il fait, je ne comprendrai pas et ça me stressera énormément.

Une fois à nouveau libre, j’en profite pour lui poser des questions auxquelles il répond très gentiment en s’excusant encore de son oubli.

Conclusion :

Cette expérience démontre que les soignants ont encore peu l’habitude de s’adapter au handicap quand il se présente nouvellement. La personne malentendante ou devenue sourde se trouve encore dans des situations où c’est elle qui doit s’adapter (avec tout le stress que ça peut engendrer parfois) et non l’environnement qui s’adapte à elle naturellement.

Foeby Anne / Facebook : Foeby Anne / Maman Malentendante / Dentiste