18 Septembre 2017
A la base, j’ai toujours été très timide. Ma surdité n’est probablement pas étrangère à cela, mais même devenue adulte, je reste très réservée vis-à-vis des autres en général. Enfant, j’entendais souvent ma mère et ma grand-mère dirent : « Trop de familiarité engendre le mépris ». Ma traduction : « Etre trop copain copine n’amène que des problèmes ! » Résultat, aujourd’hui, je ne me lie pas facilement. La peur du regard des autres, de leur jugement, leur moquerie éventuelle fait que je n’ai jamais eu de répartie quand je me sentais attaquée.
Comme toute maman, je dois accompagner ma fille à l’école. Dès son entrée à la maternelle, Chéri a toujours dit qu’il adorait l’emmener. Moi c’est tout le contraire. Je ne me sens pas à ma place. J’ai, pourtant, autant de droits que n’importe quelle autre maman, mais cette peur du regard et du jugement des autres est plus forte. En général, je pars tôt pour pouvoir me garer facilement et pour que ma fille soit l’une des premières à entrer dans l’école à l’ouverture des grilles, ce qui me permet d’en partir très vite ! Moins on me voit et mieux je me sens ! C’est limite un calvaire tous les matins ! Pourtant je le fais car ma fille est trop jeune pour aller à l’école toute seule par les temps qui courent.
Vous allez me demander si on m’a déjà fait des remarques ? Si on m’a déjà parlé de mon handicap ? Si on a même déjà ne serait-ce que remarqué mon handicap ? Non en effet, mon handicap ne se voit pas. S’est-on déjà moqué de moi ? Non. Alors pourquoi me sentir aussi mal ? Je vous répondrais que c’est dans mes gênes tant cela remonte à mon enfance. Et c’est là que le bât blesse. On s’est tellement moqué de moi quand j’étais enfant, tant les autres enfants, que les parents, les instits ou les adultes en général que j’ai engrangé 200 % de manque de confiance en moi. Les mots entendus sont restés gravés en moi et se sont transformés en « maux », la peur et la timidité.
Pourtant, je dois reconnaitre que le peu de parents à qui je dis bonjour tous les jours, à force de les voir chaque matin, ne m’ont jamais agressée. Mais ils ne se sont jamais aperçus de mon handicap, non plus, car je mets toujours mes appareils afin de comprendre au mieux ce que l’on me dit si on m’adresse la parole. Certains me diront que je dois aller au-devant des gens, leur parler de mon handicap, mais quand je regarde bien, la plupart des personnes sont comme moi, seul, avec leur enfant. Il y a bien quelques groupes qui se parlent, mais ce sont souvent des mamans au foyer qui ne sont pas pressées par le temps afin de ne pas arriver en retard au travail.
Quand je vois les réactions des gens à mon travail ou dans les commerces, quand je parle de mon handicap ou qu’ils s’en aperçoivent, ça ne donne pas franchement envie d’aller vers les autres. Donc, je préfère garder des relations dites « de bon voisinage » avec les autres parents, même quand ma fille invite une ou deux copines pour jouer. Je me sens mieux si personne n’a d’arguments pour me rabaisser. Ça n’est pas de leur faute, ça n’est pas de la mienne, c’est la faute à tous les mots emprisonnés dans ma mémoire d’enfant !
Et vous, liez-vous facilement connaissance avec les autres parents ?
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