26 Octobre 2016
A toi…
Qui parcourt le chemin de la vie depuis un petit moment déjà. Chemin qui n’a pas toujours été facile. Ballottée entre les espoirs et les regrets, tu fais au mieux pour être comme les autres, ne pas dénoter et remplir ton baluchon de la vie de tous ces petits riens qui plus tard seront de bons souvenirs chers à ton cœur. Ce mot « rien » prend tout son sens te concernant. Tu es « rien », tu n’as « rien » et tu ne vois « rien » venir, ton espace étant rempli de solitude. Pourquoi ? Tu n’as pas le look qu’il faut, trop simple, trop « cheap ». Les hormones ont transformé tes cheveux en paille difficilement disciplinable et il faudra bien deux ans de baume pour leur rendre leur texture fluide. Tu n’as pas la confiance qui te permettrait de t’ouvrir aux autres au lieu de les voir comme des ennemis potentiels qui n’aiment que les moqueries. Alors tu te recroquevilles dans ta carapace. Te plonges dans les livres avec leurs héroïnes belles et courageuses. Les mots deviennent tes meilleurs amis sans te douter que quelques années plus tard, ils t’apporteront des lecteurs, des ami(e)s.
A toi…
Qui traverses les années collège comme d’autres un lac gelé, sur la pointe des pieds, faisant attention à ne pas tomber, à ne pas te faire remarquer car tu en as assez d’entendre les profs dirent que tu ne comprends rien, qu’il faut te mettre dans un institut ou une section spécialisée… Tu te battras, tu gagneras et ils auront torts, eux avec leurs soi-disant savoirs, leurs soi-disant diplômes, qui savent tout, ont tout vu, ont tout fait. Eux, les lâches, qui ont laissé une classe entière te harceler pendant des mois et qui ensuite on joué les innocents quand tu as révélé le pot au rose et qu’avec tes parents, tu as obtenus le renvoi des principaux harceleurs. Ca a calmé toute la classe. D’un coup, d’un seul, on t’a laissé tranquille. Mais tu garderas toujours une haine farouche des profs dont la lâcheté n’a d’égal que l’incompétence. Et tu vas les bluffer. Tu vas entrer au lycée avec 18 de moyenne en anglais et 16 en Français. Ils t’empêcheront d’aller en scientifique ou en littéraire, mais cela ne t’empêchera pas de continuer à écrire dans ton coin et d’accumuler les lectures qui t’apprendront plus que tous les profs réunis !!! Cette année là, tu connaîtras les premiers émois. Discrètement vous vous retrouverez, à la sortie, seuls au monde. Les baisers des héroïnes de papier deviendront réalité dans la discrétion d’un chemin abandonné, doux refuge de sentiments qui dureront ce que dure une année.
A toi..
Qui, dès la seconde, sais que le seul moyen de t’en sortir c’est d’avoir le bac. N’importe lequel, du moment qu’après tu pourras aller où tu veux. Alors tu acceptes l’orientation en section « G ». Tu fais ta première et arrives en terminale avec le but ultime de tenter des études supérieures. Tes années lycées s’écouleront en douceur dans l’anonymat absolu, mais avec l’amitié naissante d’amies, Catherine, Tess, qui encore aujourd’hui le sont encore. La vie tentera par son essence même de vous séparer, mais les étapes incontournables, mariage, naissance, baptême, séparations etc…; vous rapprocheront toujours. Et tu ne regretteras pas, au final, ces années où enfin, tes qualités d’écriture seront reconnues tant en français qu’en philosophie où tu vas cartonner !! Tu passeras des heures dans de fabuleuses lectures classiques, philosophiques et personnelles. Et tu l’auras ce bachot ! Avec mention, qui plus est ! Alors là tu tiendras ta revanche sur douze années d’humiliations et de réflexions idiotes de profs qui te voyaient chez les « irrécupérables » comme ils disaient.
A toi…
Qui aura le courage de te battre pour entrer en Ecole d’Educatrice, mais qui n’aura pas suffisamment de « relations » juridiques pour empêcher ces gauchos-bobos de soi-disant « formateurs » de te virer de l’école à 3 mois du diplôme parce que tu ne serait pas conforme à l’image qu’ils voulaient et que ton handicap, révélé, gênaient.
A toi…
Qui te battras pendant cinq ans contre un Hippocrate incompétent qui ne voyait qu’un trouble psychiatrique là ou siégeait une maladie physiologique qui a bien faillit t’emporter. Depuis, tu ne fais plus confiance à ces abonnés du carnet de chèque qui ne voient que le chiffre en euros et non plus la satisfaction d’un devoir censé découler d’un serment devenu complètement obsolète.
A toi…
Qui après toutes ces souffrances (ce qui ne tue pas rend plus fort), reprendra des études et rencontrera celui, qui aujourd’hui a fait de toi une mère et une épouse comblée. Tu partageras tes peines et tes joies, des voyages et des amis, des rires et des sentiments que tu pensais enfouis à jamais. Il te soutiendra dans tes projets, mêmes les plus fous. Et combien même, on te critiquerait, te penserait naïve ou stupide et dans l’incapacité de subvenir à tes besoins, tu pourras leur dire que tu es indépendante moralement, physiquement et financièrement, que tu as réussi là où tous te disait le contraire.
A toi…
Qui aujourd’hui écris, travailles, aime et est aimée. A toi qui a la joie d’être ce que tu es, une femme heureuse et libre que les critiques n’atteignent pas. A toi, qui voit dans les yeux de ton petit ange, cette lueur d’amour, de dévotion et de fierté qui comble tous tes moments fugace de tristesse. Et à LUI, qui a su trouvé en toi, celle qu’il cherchait et qu’il n’a pas tenté de changer. Ne regrette rien, le passé est le passé, tes échecs t’ont grandi et appris, il faut vivre pour l’avenir. A toi, à la vie, à TA VIE.
A toi… (lettre à mes jeunes années…) A ceux qui me demandent qui je suis, comment j'ai traversé la vie. Vous venez de lire la réponse....
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